Quoi de 9 ?

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En fait, voilà près d’un siècle et demi que le 9e arrondissement de Paris doit sa notoriété plus à la présence du théâtre des Folies Bergère*, lieu mythique et connu du monde entier, qu’aux restaurants qui peuplent ses rues. Pour, hélas, constater que pendant toutes ces années ces derniers se sont bornés à servir des nourritures méditerranéennes aussi utilitaires qu’incertaines. On ne pouvait hélas qu’hésiter entre des boulettes de kefta plutôt grasses et des pizzas plutôt fadasses. N’en concluez pas que les spectateurs échaudés se régalaient pour autant des mets qui leur étaient proposés dans le foyer des Folies Bergère. Les plats qui leur étaient servis n’avaient pas la légèreté, tant s’en faut, des plumes dont étaient plus ou moins couvertes les danseuses au demeurant belles à croquer, et ne pouvaient que les laisser sur leur faim. Avaient-ils d’autres choix ? Le chaland avait beau arpenter le bitume, battre le (haut du…) pavé ou guetter si les devantures s’éclairaient, telle sœur Anne, il ne voyait rien venir. On se serait cru au Mont Saint Michel lors des grandes marées quand la mer a déserté la totalité de la baie.
Quoi de neuf dans le quartier ? Combien de fois pendant toutes ces années a-t-on pu s’interroger sur le sujet ? Mais depuis quatre ou cinq ans, les choses ont commencé à bouger : un frémissement de l’air, un titillement des papilles, une vibration imperceptible des mandibules, ou tout simplement l’eau à la bouche ont mis les gens en alerte. Une petite douzaine d’adresses a commencé à émerger comme colchiques à la fonte des neiges. Sans tarder, voici deux belles fleurs qu’il ne vous reste plus qu’à cueillir avant qu’elles ne soient fanées. Si je vous les recommande, c’est bien entendu pour y prendre du plaisir, sans pour autant vous faire faire des folies.

Les Affranchis

5 rue Henri Monnier, Paris 9e Métro Saint Georges – Tél. : 01 45 26 26 30 Ouvert tous les jours sauf le lundi


Menus carte : Entrée + plat + dessert : 39 € Entrée + plat + dessert : 42 € le soir.

Le cadre : Situé sur une petite place pleine de charme agrémentée d’une fontaine Wallace, ce restaurant peut paraître certes d’allure modeste, mais l’enseigne brandie au-dessus de la devanture telle une oriflamme lui donne du panache. Simplicité d’une salle sans ostentation, mais accueillante. Avant même d’être assis, on a déjà envie de rester. Un comptoir sur la droite confère plus d’intimité à l’espace occupé.

Les entrées :Œuf parfait façon “carbonara” : gonflé de revendiquer d’entrée la perfection, mais pari tenu : un œuf mollet, ni trop liquide ni trop dur, méritait bien son qualificatif, accompagné de petits croûtons, d’oignons grelots juste blondis, d’une tranche de poitrine de porc et d’une sauce au parmesan, il se laisse dévorer avec quel plaisir…

Escargots glacés, trompettes de la mort, croûtons persillés: présentation originale dans un anneau de pain de mie doré au beurre, escargots et trompettes, aussi à l’aise que dans une baignoire, s’y prélassaient emmêlant leurs saveurs.

Les plats :Turbot cocos de Paimpol, piquillos pesto et citron confit : justesse de cuisson du turbot, chair nacrée et ferme, cocos de Paimpol fondants et goûteux, le citron boostant le tout.

Porcelet croustillant, céleri, figues glacées aux épices douces : quel délice de savourer dans la même bouchée le croustillant et le fondant de la viande avec en contrepoint le sucré de ces figues rôties et goûteuses.

Les desserts : Pommes Bonne femme, crème glacée ricotta, safran et orange : la pomme arrive rôtie, triomphante, sûre de sa fermeté, de sa couleur, de son fondant, nappée d’un sirop et soutenue par la note méditerranéenne du safran et de l’orange, la crème glacée ajoutant une fraîcheur apaisante.

Chiboust aux figues et chocolat noir : en fait, le saviez-vous, le chiboust est une crème pâtissière servie tiède avec des morceaux de meringue accompagnée des figues et nappée d’une sauce au chocolat noir de caractère.

Devant nos hésitations (beaucoup de belles bouteilles en cave), le patron nous a conseillé un Pic Saint Loup 2014 Clos Marie Domaine de l’Olivette. C’était un bon conseil. Vin fruité sans être trop tannique et servi légèrement frais. Un régal.

Mon convive et moi, dans l’euphorie du moment, avons fait un sort à cette bouteille. Cela a eu un prix : 60 e, sans regret d’avoir un peu cassé notre tirelire.

Le Bistrot Papillon

6 rue Papillon, Paris 9e – Métro Cadet

Tél. : 01 47 70 90 03 Fermé samedi et dimanche



Menus :Entrée + plat ou plat + dessert : 23 € Entrée + plat + dessert : 28 € (seulement au déjeuner). Carte : 41 à 55 €.

Le cadre : Situé dans une rue tranquille non loin du Square Montholon, ce bistrot en activité depuis quarante ans fut une institution. Il vient de faire sa mue et d’entreprendre une cure de jouvence autant pour la déco que pour la cuisine. On entre de plain-pied dans une première salle carrée assez lumineuse, tables et chaises en bois blond, banquettes confortables, murs aux pierres apparentes appliques. La seconde, tout en longueur, est plus sombre, mais plus chaleureuse le soir.

L’accueil :Masculin sympathique et compétent.

Les entrées : Œuf meurette mais…Œuf il y a, mais… d’un moelleux, je ne vous dis que ça, mais… servi froid et drapé d’une chemise pelliculaire lie de vin, avec tranches fines de lard et spumante. Bousculade de saveurs, miam !

Concombre à la crème, mais pas que… car celui-ci était découpé en fines lamelles enroulées sur elles-mêmes, d’inspiration très nippone et pour cause (le chef est Japonais), accompagné de fines carottes fondantes et confondantes, jus de concombre, huile de noisette.

Les plats :Lieu jaune de ligne pêche de Pascal à Fécamp, caviar d’aubergines et basilic huile vierge de légumes et pignons : respect d’une cuisson précise pour ce lieu à la chair ferme et nacrée, le moelleux de son caviar d’aubergines en contrepoint.

Onglet de “bœuf rouge des prés” poêlé, siphon de pommes de terre, jus bourguignon : belle tendreté de la viande cuite avec justesse (fondante et croustillante), la texture aérienne de ce siphon est d’un joli contraste avec la densité de la viande. Jus goûteux servi avec générosité.

Les desserts : Esprit Mont Blanc : alternance de petites boules de crème de marron et de Chantilly en une sorte de manège où joueraient des morceaux de noisette et de pralines. Onctueux.

Tarte au citron, meringue mi-cuite, sorbet au fromage blanc, tranches de citron : en fait, sur un fond de tarte sablée chevauchent gaillardement des billes d’une meringue étonnamment fondante et des tranches de citron avec en point d’exclamation ce sorbet au goût indéniable apportant une fraîcheur bienvenue.

Nous avons bu avec ce repas un Naïa 2014,domaine Ine Briat, un Languedoc d’un jeune viticulteur. Vin peu tannique et plein de fruit, servi un peu frais.

Nous avons payé sans barguigner 50 € pour ce repas

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